Mardi 13 mars 2012
Bonjour à tout le monde,
Méditer avec nos cinq sens
Préparée en conscience, la cuisine est une véritable méditation qui
réunit le corps et l’esprit. Elle nous invite, par des gestes simples, à mettre
tous nos sens en éveil et à habiter pleinement le moment présent.
Dans l’un des plus célèbres textes zen, Instructions au cuisinier zen
(Le Promeneur, 1994), maître Dôgen invite l’aspirant au poste de tenzo – le
cuisinier du monastère – à faire de cet acte humble et quotidien un moment de
grâce spirituel. « Quand vous faites la cuisine, ne regardez pas les choses
ordinaires d’un regard ordinaire, avec des sentiments et des pensées
ordinaires. Avec cette feuille de légume que vous tournez dans vos doigts,
construisez une splendide demeure de bouddha. » Découper des légumes, cuire de
la viande, pétrir une pâte… réalisés avec soin et attention, ces gestes simples
cessent d’être routiniers et ennuyeux pour devenir une joyeuse célébration de
la vie.
Le sel de l'existence
Toute expérience passe par nos sens. Si nous méditions plus souvent
cette vérité, nous prendrions davantage le temps de voir, de toucher,
d’écouter, de humer et de goûter. En concentrant notre attention sur le moment
présent, nous faisons barrage aux ruminations amères sur le passé et aux
projections anxieuses sur l’avenir. Chacun peut en faire l’expérience, nos cinq
sens sont la voie royale pour accéder au sentiment d’exister pleinement. La
cuisine nous fait un cadeau merveilleux : elle les convoque tous et chaque
jour, de manière différente.
Le langage des sens
Nos sens ne nous relient pas seulement à notre corps, ils sont le trait
d’union entre celui-ci et notre esprit. Quand nous cuisinons, les parfums, les
saveurs, les textures que nous produisons nous racontent. Souvent à notre insu.
Avons-nous besoin de nous rassurer avec le doux parfum de cannelle ? De séduire
et de surprendre avec du gingembre ? Pourquoi ce frisson de dégoût au contact
de la viande crue ? En interrogeant les sensations et les émotions que
provoquent les aliments que nous cuisinons, notre esprit accède à la mémoire de
notre corps.
La pratique de la gratitude
Nous avons, avec la nourriture,
des pratiques d’enfants gâtés. En cuisinant et à table, le maître spirituel
bouddhiste Thich Nhat Hanh pratique une méditation de gratitude. En regardant,
touchant, humant, goûtant les légumes qu’il prépare, il parcourt en pensée leur
cheminement complet. Leur plantation, leur croissance, les soins dont ils ont
bénéficié.
Les exercices de Michel Gillain
L'éloge de la lenteur
La distraction, l’absence à soi-même découlent souvent de gestes trop rapides.
Ralentissez la cadence. Épluchez un légume lentement pour mieux sentir son
parfum, sa texture, son poids… Autant de détails qui donnent de la valeur au
plus basique des gestes et qui contribuent à développer notre sentiment de
gratitude envers la nourriture.
La balade gourmande
Partez vous promener au marché, sans rien acheter. Flânez, nez au vent, parmi
les étals, prenez le temps de comparer les produits, écoutez les conseils des
commerçants. Faites le plein de sons, de couleurs, et de parfums. La prochaine
fois, vous n’achèterez plus vos fruits et vos légumes de la même façon.
La gamme des épices
Sur une table, disposez devant vous au moins une dizaine d’épices dans dix
petits bols. Puis, à la manière d’un « nez », les yeux fermés, humez chacune
d’elle profondément en vous installant plusieurs secondes dans chaque parfum.
Laissez éclore les souvenirs, les associations, les images, que ces épices font
naître en vous.
Les légumes masqués
Ce petit jeu peut être fait seul ou à plusieurs. Sur une table, placez des
fruits et des légumes, choisissez celui qui vous attire le plus, prenez-le dans
vos mains, palpez-le, « faites connaissance » avec lui, puis faites-le parler à
la première personne du singulier, comme si vous étiez lui. Vous risquez de
faire des découvertes intéressantes sur vous. Sur la façon dont vous vous
percevez, sur les émotions qui vous agitent.
Le pain vivant
De l’eau, du levain, de la farine et du sel. Avec des ingrédients et des gestes
basiques, vous allez fabriquer le symbole même de la vie. Concentrez-vous sur
vos sensations et vos émotions à chaque étape : du mélange au pétrissage.
Faites de ces gestes millénaires une célébration. Mettez dans ce pain vos
désirs, votre gratitude, votre énergie vitale. Que ressentez-vous ? Lorsqu’il
cuit, respirez l’air qui se charge de son parfum. Au moment de le goûter,
remerciez l’univers pour son cadeau.
CHRISTINE
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