Le mot d'un psychiatre sur la chirurgie de l'obésité
Les prises de poids excessives et surtout la boulimie, ne relèvent pas seulement, pas uniquement des quantités ou de la qualité des aliments ingérés mais aussi d’autres facteurs psychologiques,
entre autres.
Chacun se défend contre le malaise intérieur, contre le stress, contre l’angoisse, avec des procédés qui lui sont propres. C’est ainsi que devant un moment d’énervement ou d’insatisfaction, (c'est à dire un moment d’angoisse), le fumeur va allumer une cigarette, le buveur va prendre l’apritif
pour se détendre et le mangeur excessif ou le mangeur va prendre un aliment.
C’est quasiment un geste automatique car ce fumeur, ce buveur, ce grignoteur ne
vont pas etre pleinement conscients durant la totalité de leur acte. Ils vont, au début, gouter la première bouffée de cigarette, le premier gout du whisky arrivant dans la bouche ou le gout du gateau grignoté pour la première fois, mais ensuite, l’angoisse revenant, le mécanisme va s’automatiser et c’est ainsi que le fumeur va fumer la totalité de sa cigarette sans en gouter le parfum, le
buveur va finir son verre et le grignoteur va continuer à grignoter sans en etre conscient.
S’il s’agit d’un amateur de bonne chère, il va vouloir gouter à nouveau cette bonne chère, retrouver cette sensation de plaisir et c’est ainsi qu’il va se resservir, une fois et peut-etre meme deux fois. La prise de poids est alors inéluctable. Comme la démonstration vient d’en etre faite, le mangeur
excessif ou le grignoteur intempestif calme son stress sans réaliser qu’il a ses difficultés psychologiques qu’il apaise en ingérant quelque chose mais sans les soigner.
La pose d’un anneau autour de l’estomac ou la chirurgie du by pass ne va pas lever l’angoisse, qui justifiait le comportement alimentaire de grignotage ou d’absorption de quantités excessives.
Le sujet va donc s’engager dans une démarche, qui doit etre personnelle.
La perte de poids provoquée par l’intervention doit fréquemment s’accompagner d’un soutien
psychologique car, pour la personne engagée dans la démarche de perte de poids, le chemin est difficile.
L’anneau ou la chirurgie du by pass est une aide proposée par la chirurgie pour permettre, presque artificiellement, au mangeur excessif de ne plus se remplir sur un mode automatique mais aussi de ressentir une sorte de signal d’alarme l’avertissant que son estomac rétréci par l’anneau
est plein et qu’il ne doit plus manger.
L’anneau ou la petite poche gastrique du by pass est un signal d’alarme que le chirurgien confie au patient et dont il doit tenir compte au risque de graves ennuis.
Par ailleurs, la chirurgie de l’obésité est une chirurgie très particulière, car elle s’attaque,
non pas à une maladie, ni à un syndrome pathologique, mais aux conséquences d’un
fonctionnement normal qui tout à coup s’est emballé en fonction de difficultés que nous qualifierons de psychologiques. Il est donc essentiel de rencontrer un spécialiste qualifié, habitué ce genre de problème, afin qu’il puisse tester, évaluer d’abord la motivation, les causes de celle-ci, mais également les risques psychologiques encourus de celui qui s’engage dans cette démarche.
En effet, si on supprime brutalement le tabac à un fumeur régulier, la drogue à un toxicomane, la drogue à un buveur, les réactions caracterielles, quelquefois violentes, ne vont pas tarder à se manifester. L’entretien avec le psychiatre lui permet d’évaluer la tolérance du sujet à la
frustration qu’il va ressentir en ne pouvant pas manger comme il le fait d’habitude.
Enfin, cette rencontre avec le psychiatre est essentielle, car certaines pathologies psychiatriques peuvent se présenter sous l’apparence de la plus grande normalité. Il y a lieu de dépister ces pathologies graves car les opérer conduirait à des situations catastrophiques.
La chirurgie de l’obésité est une pratique pluridisciplinaire dans laquelle chacun des spécialistes consultés a un role essentiel et il est indispensable que ces praticiens soient expérimentés car la chirurgie de l’obésité est une chirurgie particulière. Autant, lorsqu’il s’agit d’un organe malade, le sujet est pressé d’en faire faire l’ablation, autant dans une chirurgie de l’obésité est une chirurgie volontaire dont la décision revient au patient.
Il faut souligner que dans l’économie d’une personnalité, il est plus facile de fumer une cigarette, de boire un verre d’alcool ou de grignoter un gateau que de s’interroger sur ce qui pousse à boire, à fumer ou à grignoter. La pose d’un anneau ou la chirurgie du by pass c’est tenter de modifier un comportement alimentaire automatique et répétitif devenu habituel au fil des temps par une
intervention chirurgicale.
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